Suivie assidûment par une assistance nombreuse, la conférence de Jean-Claude Nobécourt à Moissac le vendredi 1er décembre a été une belle réussite, avec une salle pleine !
Il y avait en effet beaucoup de monde, autour de 150 personnes, venues de nos villages proches mais aussi de loin pour certaines : Trans-en-Provence, Draguignan, Lorgues, Ampus, Barjols, Pontevès, Saint-Maximin, Sillans, Fox-Amphoux, Salernes ; ainsi que des élus (Moissac, Aups, Trans, Salernes) et des représentants d’associations amies et partenaires. Ce qui a permis de nombreux contacts et de mises en relation utiles, en particulier pendant le buffet convivial qui a suivi : il a été très apprécié, il n'est rien resté !
Félicitations au conférencier, qui a captivé l'assistance avec sa passion et la clarté de son propos, parfaitement maîtrisé, sur cette question de l'eau dans notre département à l'histoire géologique complexe, et illustrant bien les mécanismes, eux aussi complexes, de la circulation de l’eau dans notre territoire karstique. Sans oublier de corriger des idées reçues voire fausses, souvent diffusées par les médias...
Le 10 août 2023, Françoise Delmas et Christophe Deligny ont rencontré à Aups monsieur Michel Auberger, adhérent de Terra Viva.
Michel Auberger, ingénieur des mines, s'est intéressé entre 1966 et 2010 au fonctionnement de Fontaine de Vaucluse, résurgence karstique du même type que notre Fontaine l'Évêque, résurgence en partie captée sous la surface du lac de Sainte-Croix. Il a bien voulu partager avec nous ses connaissances, ses observations et ses hypothèses.
Voici un compte rendu de cette rencontre fort intéressante, qui prépare et enrichit la conférence de Jean-Claude Nobécourt qui sera proposée à l'automne sur les
eaux souterraines karstiques.
En Provence (du moins la nôtre) nous vivons en milieu karstique :
« Le karst est un milieu constitué de formes de surface (doline, lapiaz, perte...) et souterraines (grottes, gouffres....) résultant de la dissolution des roches carbonatées principalement (calcaires, craie) et associé à un régime hydrologique spécifique. » (ORISK Observatoire du risque inondation de la sécheresse et du karst)
La karstification résulte du processus d'érosion et de dissolution du calcaire sous l’effet du CO2 contenu dans la pluie.
L’eau acide fait son trou, creuse des cavités, suit son chemin, infiltre la roche fissurée, s’écoule par des drains qu’on peut imaginer verticaux, peu localisables. Le processus de karstification agrandit et crée d’autres drains.
Il en résulte deux formes d’écoulement de l’eau, l’une est rapide, par les drains, l’autre est lente, contenue dans la roche et restituée au fil du temps par les fissures. Entre la pluie et la résurgence il peut y avoir 30 ans.
L’eau contenue dans la masse karstique émerge au point bas de la cuvette sous forme de source, avec plus ou moins de débit. Pour l'impluvium d’Aups, ce sont les sources de Saint-Barthélemy et de Bresc.
On peut considérer que cet impluvium (versants au sud de la Bigue/Saint-Priest) contient une réserve d’eau souterraine certainement considérable. Au-delà de la crête, l’eau s'écoule du côté du massif karstique de Canjuers vers Fontaine l’Évêque, dont la source n’a jamais tari.
« Chaque plateau karstique a sa propre histoire, même si ces mécanismes sont généraux. Pour en savoir plus il faudrait faire des expériences qui peuvent coûter cher et être aléatoires : coloration des eaux, forages, etc... » (M. Auberger)
Michel Auberger a travaillé sur l’hypothèse du cycle lunaire affectant le débit de l’eau.
Un cycle lunaire est de 18,61 ans.
Au cours de ce cycle, la Lune s’éloigne de la Terre et revient à son point de départ. Plus proche est la Lune de la Terre, plus s’exerce une attraction gravitationnelle qui joue sur les infiltrations rapides : le débit de l’eau diminue à l’exutoire.
Il a ainsi pu démontrer sur 3 cycles une corrélation entre l’attraction gravitationnelle de la Lune et la rétention d’eau dans le système karstique (1966 à 2010 : 1968 / 2006 / 2023 qui annonce le tarissement de 2025. Les chiffres manquent pour 1987).
Nous nous trouvons en 2023 en phase de rapprochement de la Lune, le point le plus proche étant 2025, la Lune ensuite progressivement s’éloignera de la Terre.
On peut donc prévoir qu’indépendamment des pluies, les débits des sources diminueront jusqu’en 2025 puis augmenteront ensuite.
Voici un extrait d’une des communications de Michel Auberger détaillant ce mécanisme :
- La Lune tourne autour de la Terre selon un cycle long de 18,61 ans pendant lequel la force gravitationnelle entre la Terre et la Lune varie. Pendant le
demi-cycle où la Lune s’éloigne de la Terre (9,3 ans), cette force diminue, les écoulements rapides s’accélèrent (hauts débits des sources) et les petites fissures situées en haut du plateau
s’ouvrent pour accueillir une partie des écoulements qui deviennent des écoulements lents et des réserves d’eau. Pendant le demi-cycle suivant, le phénomène inverse se produit : la force
gravitationnelle augmente, la Lune « aspire » l’eau de la Terre, les écoulements rapides diminuent (bas débits des sources), les fissures se referment et libèrent l’eau en réserve qui
rejoint progressivement les drains utilisés par les écoulements rapides. Il peut y avoir tarissement si les écoulements sont très lents ou les réserves d’eau trop utilisées.
- C’est ce double mécanisme dû à la pesanteur et indépendant des périodes de pluie et de sécheresse qui fait apparaitre à la fois :
• une évolution cyclique des écoulements rapides
• une réserve d’eau qui se constitue dans les petites fissures pendant le demi-cycle de diminution de la pesanteur (stockage) et s’évacue pendant le demi-cycle suivant (déstockage)
Cette analyse apporte deux bonnes nouvelles et une mauvaise :
• L’évolution cyclique permet de prévoir avec sécurité et 19 ans à l’avance les périodes de faibles écoulements rapides conduisant éventuellement à un tarissement
• Une réserve se constitue automatiquement à l’intérieur du karst et vient automatiquement en appoint lors des périodes de tarissement qui ne durent pas plus que quelques années
• La mauvaise nouvelle est qu’on ne connaît pas le volume de la réserve et qu’on ne sait pas où elle se trouve dans le karst.
Les enjeux de l'eau ici et maintenant
VENDREDI 2 DÉCEMBRE
À 18 HEURES
CINÉMA LA TOMETTE À SALERNES
Entrée 6 €
Projection suivie d’un débat avec le réalisateur Éric BLANCO
Suivie d’un pot de l’amitié !
Soirée organisée par :
v TERRA VIVA Lacs et Gorges du Verdon - Aups
v ADUES - Salernes
v cad'EAU Dracénie Provence Verdon agglomération - Lorgues
v Collectif EAUX LIBRES - Artignosc